Massow Ka
loading...

La mobilité internationale vers l’Europe est aujourd’hui particulièrement médiatisée et placée au cœur des préoccupations politiques en Europe comme au Sénégal. Pourtant, les départs vers le vieux continent sont très minoritaires par rapport aux autres formes de mobilité qui sont, en majorité, internes au pays ou limitées aux pays voisins.

Comme c’est le cas ailleurs, à Saint-Louis les push factors priment sur les pull factors: l’attrait pour l’Eldorado européen joue un rôle moins important dans la décision de partir que la perte de revenus liée à la surexploitation des ressources maritimes, à l’érosion côtière et au changement climatique. L’absence de perspectives ou de possibilités de reconversion professionnelle, la quête d’une vie digne et la volonté de pouvoir soutenir sa famille poussent ainsi certaines personnes à tenter le voyage vers l’Europe.
Pour les pêcheurs de Saint-Louis, ces voyages sont intéressants à plus d’un titre : d’un côté, ils permettent aux propriétaires de pirogues d’amortir les coûts importants investis dans la pêche, qui elle, n’est plus rentable. De l’autre, certains peuvent faire valoir leur connaissance de la mer pour voyager gratuitement en tant que capitaine.
Si la migration vers l’Europe est la plus rare, elle est par contre la plus dangereuse. Selon l’ONU (2024), le nombre de personnes mortes et disparues sur les routes migratoires vers l’Europe s’élève à environ 64 000 depuis 2014. La route atlantique vers les îles Canaries est l’une des plus périlleuses. Depuis les côtes sénégalaises, le trajet s’étend sur 1500 km et représente 6 à 7 jours de traversée. Cette route a commencé à être empruntée à partir des années 2000 dans un contexte où la migration vers l’Espagne
via le Maroc est devenue de plus en plus difficile du fait d’une surveillance accrue des frontières terrestres.
Cette situation est dramatique, mais n’est pas une fatalité. Elle est en grande partie liée au fait que les politiques migratoires de pays européens rendent l’accès à l’Europe par des voies régulières quasi impossible pour les personnes issues de pays à faible revenus. Loin de freiner les mobilités, ces politiques ont par contre eu pour conséquence de les rendre extrêmement dangereuses et chères, tout en les criminalisant.

Bassirou Gueye, originaire de Gandiol, a tenté le voyage vers l’Europe. Il nous raconte l’arrivée en Espagne sur les îles Canaries, son renvoi forcé vers le Sénégal et les promesses non tenues d’aide au retour en vue de sa réinsertion.

Date
6 mai 2025
Category
Clients
GÁDDAAY – Mbaye Gueye – Suivre les poissons, fuir les gardes-côtes Previous project
GÁDDAAY — Ami Faye — “J’avais une maison. J’étais autonome.” Next project